Cela fait extrêmement longtemps que je cherche à faire un billet sur ce
que je pense de la viabilité économique des logiciels libres, de leur
financement, et du rapport entre ce financement et les performances de
ceux-ci ou de la qualité de leur développement. Je vais finalement faire
une série de billets, pour essayer de mettre au clair mes pensées. Je le
fais autant pour expliquer ma position à « mes » lecteurs que pour
savoir moi-même exactement ce que je pense.
Je ne suis pas un économiste, je ne suis pas un vrai développeur, je
suis encore moins un développeur professionnel. Je ne suis qu’un
étudiant qui n’a pas encore de réels impératifs financiers, j’ai donc du
mal à faire le tri entre tous les sentiments qui m’animent. Avant de
mettre mes pensées sur papier, il faut que j’arrive à séparer celles qui
sont la conséquence d’un extrémisme libriste, dans le style
révolutionnaire communiste, et celles qui sont réfléchies, posées,
découlant d’une analyse d’un maximum de facettes de la situation actuelle.
Une partie de moi a tendance à dire « Tout logiciel doit être libre et
gratuit, et un développeur ne peut pas demander de rémunération. Ce
serait contraire à l’esprit du logiciel Libre ». Ce n’est évidemment pas
un discours constructif, il faut prendre en compte les nécessités
financières du développement d’un logiciel de taille respectable et de qualité.
Un petit projet codé par une seule personne ou un petit groupe de
développeurs, sur leur temps libre, peut se permettre d’être
complètement gratuit. C’est l’équivalent d’un particulier qui décide de
se porter volontaire pour une association caritative (croix rouge, wwf,
resto du cœur…), ou bien pour un club sportif d’un de ses gamins. Un
investissement désintéressé de son temps libre, pour faire vivre un
projet, une cause, un idéal.
Le problème est tout autre pour des projets plus gros. Si un projet ne
peut pas être mené à bien en ne mettant à profit que le temps libre d’un
généreux codeur, aussi génial soit-il, s’il faut une équipe de codeurs à
plein temps, il faut bien trouver une source de financement. Il faut
payer les développeurs, leur permettre de manger et de payer leur loyer,
etc. On trouve, dans cette catégories de projets, le noyau Linux,
OpenOffice.org, Firefox, et bien d’autres. On ne peut dans ce cas plus
considérer, bien que le projet soit sous GPL, que le logiciel doit
forcément être gratuit.
Un autre problème survient quand un développeur bénévole, bien que très
efficace et productif, n’est pas en mesure de faire progresser son
projet chéri autant qu’il le devrait car il aurait besoin de plus de
temps libre, mais qu’il doit bien garder son boulot. Il serait
intéressant de pouvoir lui trouver une source de financement pour qu’il
n’ai plus besoin que d’un boulot à mi-temps pour vivre, ou bien, dans le
cas d’un projet en groupe, pour financer un des développeurs à temps
plein, les autres développeurs gardant leur statut de généreux
contributeurs bénévoles sur leur temps libre.
Je suis un grand amoureux du logiciel Libre et de sa philosophie, autant
en tant que développeur/bidouilleur qu’en tant que simple utilisateur,
et j’aimerais que les gens qui lisent mon blog comprennent pourquoi je
m’accroche à une Ubuntu imparfaite, pourquoi je ne retourne pas sous le
XP que j’ai acheté avec mon ordinateur, pourquoi je crois que le libre
est un écosystème viable et qu’il ne faut pas être défaitiste dans le
style « Bah, Linux c’est bien pour les geeks et pour bidouiller, mais
quand il s’agit de faire des vrais trucs un MacOS c’est tellement plus
confortable, osef du libre, le principal c’est d’avoir des vraies
fonctionnalités ». Dans les prochains billets, je vais essayer
d’expliquer quelles sont les sources de financement auxquelles je pense
et que je considère comme sensées, viables, et permettant de faire
avancer le logiciel libre.