Je suis de manière assez régulière ce que partage et ce que dit le
bloggeur Sebsauvage. Je partage beaucoup de ses valeurs concernant
l’informatique, et en général j’apprécie le fait qu’il est à la fois un
partisan des logiciels libres, de l’indépendance des internautes, mais
est pragmatique lorsqu’il le faut. Il utilise de fait de nombreux
logiciels non libres, ainsi que Windows, parce qu’ils sont meilleurs, à
ses yeux en tout cas, que les logiciels libres.
Par contre, lorsqu’il s’agit de Google ou de Facebook, il perd tout sens
de la raison et tombe dans la critique systématique. En l’occurrence,
nous sommes en plein dans l’affaire Google Reader. Ce service va fermer
ses portes, et la question se pose de ce qui va le remplacer. On a alors
deux écoles : les services propriétaires et les services open-source.
Sebsauvage ne supporte pas que la majorité des sites analysant ces
alternatives conseillent de passer à des services propriétaires.
Il ne faut pourtant pas oublier que ce qui s’applique aux logiciels
“lourds” s’applique aussi aux services web : il faut être pragmatique.
Dans ce cas là, Sebsauvage ne l’est pas. Il s’accroche à des idéaux
louables de liberté et d’indépendance absolue, au détriment de la
quasi-totalité des fonctionnalités que l’on demande aux logiciels.
Qu’est-ce que je demande, au minimum, au remplaçant de Google Reader :
- Un lecteur de flux en ligne simple, clair, rapide, esthétique et
ergonomique ;
Un lecteur de flux sur smartphone et tablette possédant ces mêmes
qualités ;
- Une synchronisation entre ces deux interfaces ;
- Éventuellement, la possibilité d’avoir une lecture hors-ligne, que
je trouve très pratique lorsque je voyage en train avec une
connexion vraiment instable voire inexistante.
Je laisse volontairement de côté beaucoup d’autres critères, parce que
globalement la plupart des solutions les respectent, mais
concentrons-nous sur ceux-ci. Aucun, je dis bien absolument aucun, des
services libres et auto-hébergés ne respecte ces trois ou quatre
critères, difficile dans ce cas de choisir une solution qui respecte
l’indépendance de l’utilisateur…
Je suis un partisan du Libre, mais je n’oublie pas que le monde est fait
de compromis et de pragmatisme. Mon blog est auto-hébergé parce que ce
que cela me coûte en terme de fonctionnalités n’est pas si important.
Aucune solution centralisée ou propriétaire ne m’offre quoi que ce soit
de fondamentalement mieux que mon petit Worpress. Mais il n’en est pas
de même pour la majorité des autres services web.
Aucun client email n’arrive à mes yeux à la cheville de Gmail, qui offre
à la fois une interface web et une application Android, une vue unique
par fil de discussion, et une recherche dans tous les messages depuis
l’application, donc j’utilise Gmail et non un serveur email auto-hébergé
avec un client Libre (web ou lourd).
Aucun client XMPP n’offre la facilité d’utilisation et les
fonctionnalités audio/vidéo de Gtalk, donc j’utilise Gtalk.
Aucun réseau social n’offre les interactions que permet Google Plus,
donc j’utilise Google Plus. Status.net est probablement très bien, mais
mes amis ne sont pas dessus ni sur un réseau compatible, et d’ailleurs,
son développement a plus ou moins été arrêté à ce que j’ai compris.
Diaspora est un projet tout pourri, donc personne ne l’utilise, donc il
ne sert à rien, etc.
Aucun gestionnaire de calendrier n’égale Google Calendar (en particulier
ceux qui sont libres), donc je suis forcé d’utiliser celui-ci.
Aucun service de prise de note Libre n’arrive à la cheville de Evernote,
donc j’utilise Evernote qui me permet une synchronisation entre mon
ordinateur, mon téléphone, et ma tablette.
Pour les mêmes raisons, j’utilise le gestionnaire de todo-list Astrid.
J’utilise encore l’application OI Shopping List, qui est libre et plus
adapté pour des listes de courses que Astrid, mais c’est seulement parce
que la synchronisation avec d’autres appareils n’est pas trop importante.
Je pourrais continuer encore longtemps, mais je vais m’arrêter à cette
conclusion : les gens n’utilisent pas les logiciels libres parce qu’ils
sont libres, mais parce qu’ils sont aussi bons, voire meilleurs, et
gratuits. Ceux qui ne le sont pas restent inconnus du grand public. Tant
qu’on n’aura pas compris cela, ce n’est pas la peine de faire la
promotion des services web libres et open-source. J’attends avec
impatience l’équivalent de la Fondation Mozilla qui mettra en place une
plate-forme d’applications web libre et performante, mais en attendant,
je ne suis pas développeur professionnel, je ne suis qu’un petit
bidouilleur qui aime tout de même que ça fonctionne tout seul ou
presque, et je ne me vois pas quitter ces quelques services
propriétaires pour leurs ersatz Libres.