Je viens de poster un commentaire à un billet d’Aliocha. Comme
je préfère rassembler toutes mes « créations » sur mon blog, je le copie ici :
Je dois vous dire que je suis fortement déçu par votre billet. En
général j’apprécie énormément la lecture de votre blog, mais là j’ai
comme un goût amer à la bouche.
Vous commencer par émettre des réserves vis-à-vis du gratuit, en
défendant la rémunération des auteurs. Si je ne me trompe pas, votre
blog est totalement gratuit, il n’y a même pas de publicité dessus. Le
temps que je passe à vous lire, c’est du temps que je ne passe pas sur
un livre acheté à la FNAC ou sur un journal acheté en kiosque. Dois-je
en déduire que vous critiquez un système que vous faites vivre ?
En critiquant cette gratuité vous vous opposez aux technologies de
communication modernes. Je fais partie de ceux qui considèrent comme du
« fair use » le fait de pouvoir s’échanger légalement toute œuvre
lorsqu’il n’y a aucun enjeu économique personnel. Pour autant, je ne
veux pas faire mourir les artistes, je souhaite que soit mis en place un
système de licence globale (cela fonctionne pour la radio, je ne vois
pas pourquoi cela ne fonctionnerait pas pour les échanges sur internet.
Ce n’est certes pas parfait, l’évaluation des volumes d’échanges se
ferait probablement un peu au pifomètre, mais je fais confiance à une
autorité dédiée et indépendante pour être juste), et en attendant,
j’achète des CD et des DVD (autour de 250€ par an, en plus des rares
places de cinéma), on peut donc difficilement dire que je suis un
« pirate » qui fait mourir l’industrie culturelle.
Je ne m’étendrai pas sur l’utilisation maladroite d’une mauvaise
analogie entre le partage sur internet et l’exploitation du service d’un
plombier. Venant d’une journaliste, cela m’étonne d’autant plus, vous
devriez savoir que les analogies sont toujours hasardeuses. La prochaine
fois, comparez le partage sur internet à la spoliation des juifs en
1940, cela nous permettra au moins de rigoler en invoquant le point Godwin.
Pour finir, contrairement à ce que vous tentez de nous faire croire,
vous prenez la défense du projet HADOPI. En dehors du débat de fond sur
la nécessité ou non de créer cette haute autorité ( débat sur le « fair
use », et sur l’incidence supposée du partage sur le chiffre d’affaire
de l’industrie — les fondements du projet de loi étaient déjà bancals),
toute l’opposition au gouvernement avait insisté sur la nécessité de
faire intervenir la CNIL au plus haut niveau dans la HADOPI, sur celle
de passer par un juge, d’autant plus qu’il s’agissait de couper la
connexion des gens. L’atteinte à la liberté d’expression a été invoquée
il y a longtemps, n’essayez donc pas d’excuser le gouvernement. La
mutation de la peine en une amende faisait, de même, partie de l’un des
amendements refusés, comme la quasi-totalité des amendements de
l’opposition. Le gouvernement ne récolte que ce qu’il a semé, et au
passage nous prouve que le respect des Droits de l’Homme et de la
Constitution ne fait pas partie de ses priorités, alors que celui des
intérêts financiers de ses amis « artistes » passe au premier plan.
Passons maintenant à la critique de ce que vous dites en réponses aux commentaires.
Non, nous ne faisons pas de nos artistes des fonctionnaires. Ils sont
libres de créer ce qu’ils souhaitent, de faire des concerts et autres
représentations publiques, de vendre des CD (séries limitées par
exemple) ou des produits dérivés. La licence globale ne concerne que les
partages non commerciaux de leurs œuvres entre internautes.
Vous vous targuez une fois de plus de vouloir défendre les intérêts
économiques des artistes, vous accommodant du système actuel tant qu’une
alternative n’existe pas. Très bien… Par contre, ce n’est pas en passant
un an et demi sur un projet de loi qui part à la mitraille au conseil
constitutionnel que l’on fait avancer les choses. L’industrie culturelle
n’est pas morte à l’heure actuelle (elle se porte merveilleusement bien,
contrairement à ce qu’elle voudrait nous faire croire), nous avons donc
du temps disponible pour discuter des détails de la licence globale.