J’avais initialement prévu d’écrire un article sur le service Flattr, mais finalement je vais en écrire un premier pour expliquer ce qu’est le micro-paiement, et à quoi ça peut servir, puis je parlerai de Flattr dans un prochain billet.
Le micro-paiement, c’est quoi exactement ?
C’est tout simplement le fait de payer de toutes petites sommes à quelqu’un pour un service rendu, un contenu produit, une page web intéressante. Concrètement, c’est donner quelque chose comme dix centimes, voire moins, à l’éditeur d’un site ou à un créateur.
Pourquoi est-ce intéressant ?
Parce que vous n’allez pas donner dix euros une fois par an à chaque site que vous visitez régulièrement. Vous pouvez en avoir l’envie, mais si vous le faites au même moment pour chaque créateur ou éditeur qui le mériterait, vous vous rendez vite compte que ça représente plusieurs dizaines, voire centaines d’euros, et immanquablement vous faites un choix et oubliez volontairement certains d’entre eux.
Donner de petites sommes de manières régulières est plus facile, même si au final ça représente autant d’argent. C’est ce qui fait que les possesseurs d’iPhone/iPad dépensent autant d’argent, parce que 79 ct par application, ce n’est pas cher, donc ils en achètent beaucoup. C’est aussi ce qui fait que les ONG aiment que les donateurs donnent un peu tous les mois automatiquement plutôt qu’une grosse somme une fois par an. Je donne douze fois dix euros à WWF, mais je ne donnerais jamais une fois cent vingt euros, je me limiterais à cinquante euros, par exemple (ni 10€, ni même 79ct ne sont réellement du micro-paiement, mais j’utilise ces exemples pour illustrer mon propos).
De plus, à l’heure de la dématérialisation totale des contenus, le coût marginal de distribution du contenu est quasiment nul une fois qu’il est produit. De nombreux utilisateurs qui donnent chacun une toute petite somme peuvent permettre à un auteur d’amasser une grosse cagnotte au final.
Est-ce important ?
Les dérives de la publicité
Il y a un gros problème sur internet, qui est celui du financement de la création. Tous les domaines de création sont touchés, journalisme, blogs, vidéo, dessin, etc. J’attends d’un site qui se veut journalistique, qu’il soit un site officiel d’un journal réputé ou un blog reconnu, qu’il m’apporte une information fiable et non biaisée. Le financement de la création par la publicité, qui est la règle à l’heure actuelle, crée des dérives.
Un créateur ne peut pas critiquer négativement les produits de ses sponsors. Le Figaro ne peut pas dire du mal de Rolex lorsque la 4ème de couverture a été achetée à prix d’or pour afficher leur toute dernière montre. Les deux présentateurs de GeekInc ne peuvent pas cracher sur Numéricable alors que c’est leur seul sponsor. Les exemples concrets sont nombreux.
Quand je vois que Facebook, qui possède cinq cent millions d’utilisateurs, réalise un chiffre d’affaire de cinq cent millions de dollars, je me pose des questions. Pour un dollar par an et par utilisateur, le service fait tout ce qui est possible pour vendre notre vie aux annonceurs publicitaires. Ne serait-il pas plus simple, pour éviter de se voir voler notre vie privée, de payer nous-même ce dollar à Facebook ?
Ce que fait Facebook, tous les sites le font, d’une manière ou d’une autre. Le seul moyen de rentabiliser une publication gratuite, c’est de mettre des encarts publicitaires partout sur la page et de partager le maximum d’informations sur le visiteur avec la régie qui s’occupe des publicités. Si je paye volontairement ou automatiquement, sous mon contrôle, quelques centimes pour chaque article que je visite et que j’apprécie ou que je trouve intéressant, ça règle à la fois le problème de la rentabilité, et celui de la vie privée.
Le besoin de financement de certains projets
Prenons l’exemple des jeux libres, qui ne sont financés que par quelques dons de matériel ou d’argent. Ils souffrent d’un manque flagrant de financements et n’ont que des développeurs bénévoles. Imaginons que dans un jeu en ligne vous payez, volontairement, quelques centimes à chaque fois que vous faites une partie. Cela fait un flux constant d’argent vers le projet et en assure le développement. Cela pourrait même, si le jeu est très populaire, permettre à des développeurs de travailler dessus à plein temps.
Le raisonnement est le même pour les logiciels dans leur ensemble. 4 ou 5 cents chaque mois pour Firefox, et le financement de la fondation Mozilla est assuré pour les années à venir. Idem pour Boulet ou Little Gamers (ce dernier site est un bon exemple parce qu’il a mis en place des widgets Flattr), et on a une ou plusieurs planches de BD tous les jours, avec un créateurs qui bosse dessus en étant rémunéré.
Le mot de la fin
Allez, tous avec moi, partagez mon enthousiasme, allez vous créer un compte sur Flattr et devenez un cliqueur fou.