Le gouvernement Monégasque vient de lancer un système de filtrage de
l’internet.
Ma première réaction a été :
pfff, ridicule… Genre le monégasque qui veut voir des sites pédonazis
est incapable d’utiliser un proxy à l’étranger…
Ce à quoi on m’a répondu :
c’est pas parce qu’il y a moyen de contourner une loi qu’elle ne
devrait pas exister. Surtout qu’il n’existe aucune loi qui n’est pas contournable….
Le problème ici n’est pas de savoir si l’existence d’une loi n’est
justifiée que par l’absence de moyens de la contourner. Il est surtout
question d’étudier l’ensemble des conséquences de la mise en place des
mesures techniques visant à faire respecter la loi.
Dans le cas de ce filtrage du net pour bloquer les sites pédonazis,
terroristes et autres, le plus simple est d’étudier le cas des pays qui
ont un tel système en place.
En Australie, le système de filtrage était initialement censé ne bloquer
que les contenus pédo-pornographiques, mais au final on a découvert que
les deux tiers des sites bloqués n’avaient pas de rapport avec ce sujet.
Un article du Monde que j’avais partagé il y a quelques temps donne
une myriade d’exemples similaires.
Dans tous les pays où de telles mesures ont été mises en place, le
système a systématiquement été détourné pour censurer des sites
d’opposants politiques ou pour limiter la liberté d’expression. Ces
mesures ont donc eu une incidence négative extrêmement importante pour
la majorité de la population.
Par contre, le pédophile, le néo-nazi et le terroriste ont toujours eu
des moyens de s’adonner à leurs activités illégales, en utilisant des
serveurs proxy, des VPN, des réseaux anonymisants, etc. En opposition
totale à l’esprit initial de la loi, les mesures techniques ont même
poussé les criminels à se cacher plus encore qu’avant, rendant leur
identification quasi-impossible.
Si une loi a des effets inverses à son esprit initial, c’est que c’est
une mauvaise loi.