Flattr le sauveur

Ce billet fait suite à celui-ci. Vous connaissez probablement le service de micro-paiement Flattr, qui a été mis en place par Peter Sunde, l’un des créateurs de ThePirateBay. J’en ai parlé sur ce blog pour la première fois il y a plus d’un an, en septembre 2009 lorsque le projet a été annoncé. Les choses ont bien bougé depuis cette date, et le service est opérationnel depuis de nombreux mois.

Comment ça fonctionne ?

Tout simplement, c’est un service de micro-paiement, comme expliqué dans mon précédent billet. Au lieu d’aller sur des sites qui sont financés par la pub, ou en complément de cela, les créateurs de contenu sur le web affichent des petits widgets que les visiteurs ont la possibilité de cliquer pour donner de l’argent. En tant qu’utilisateur, vous virez de l’argent sur votre compte Flattr à l’avance, et vous en distribuez une somme définie tous les mois, avec un minimum de 2€ par mois. Cette somme est ensuite répartie entre tous les créateurs dont vous avez cliqué les widgets. Si vous cliquez sur 20 widgets dans le mois, chacun recevra alors 10 ct.

Les widgets

Pour pouvoir être rémunéré, il faut mettre des liens vers votre compte Flattr sur chaque page ou à côté de chaque contenu que vous souhaitez monétiser, sous la forme d’une simple image à cliquer, ou d’un widget plus avancé qui affiche le nombre de clics déjà reçus pour ce contenu en particulier.

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L’argent en lui-même

Le service vous fait prendre à votre charge les frais de transfert de l’argent depuis votre compte en banque vers votre compte Flattr, ce qui représente environ 30ct plus 0,3% de la somme. Ensuite, si des utilisateurs vous donnent de l’argent pour votre contenu, Flattr en retient 10%.

On remarque que selon le service de transfert d’argent utilisé, les taux ne sont pas les mêmes. Paypal prend 35ct + 3,4%, alors que par carte Visa c’est 30ct +2%. Quoi qu’il en soit, il vaut mieux y mettre une grosse somme d’un coup pour limiter l’effet des frais fixes.

Les nouveautés du service

Flattr se complexifie avec le temps. On voit arriver des API pour intégrer le service dans des applications web et des logiciels, en plus des widgets. Depuis peu, le service a annoncé qu’il ne prendrait pas de commission (les fameux 10%) pour les dons aux ONG et associations à but non lucratif, ce qui peut peut-être s’appliquer aux projets libres et fondations promouvant diverses facettes du libre.

Il est désormais possible de s’abonner à un contenu, c’est à dire d’automatiser le clic des mois suivants (3, 6 ou 12 mois) lorsqu’on sait qu’on va vouloir participer à leur financement dans l’avenir (par exemple pour Wikileaks). On peut aussi décider de faire un transfert d’une “grosse” somme d’argent directement sur le compte d’un créateur, au lieu de passer par des clics de quelques centimes, ce qui peut être utile pour faire un don à un projet en particulier.

Les gars derrière Flattr cherchent aussi un moyen de rendre le service omniprésent, sans que les auteurs aient à ajouter de widget, pour simplifier la démarche. Quoi qu’il en soit, toutes les nouveautés et évolution sont annoncées sur le blog du projet.

Personnellement, j’aimerais voir arriver deux fonctionnalités : la possibilité de fixer une somme minimale par clic (par exemple 3ct, couplée tout de même à une somme globale maximale par mois), et celle de pondérer certains contenus (pour rémunérer de manière plus importante une vidéo ayant demandé des semaines de travail qu’un billet de blog composé en une heure).

Comment le promouvoir

Le plus simple, c’est de l’utiliser. De créer un compte et de commencer à distribuer des centimes. Ma stratégie par la suite a été de mettre des widgets Flattr sur mon blog, pour leur faire de la pub (et non pas pour gagner de l’argent, parce que j’ai reçu un seul clic à l’heure actuelle et ça ne représente que 13 ct dont je ne sais pas quoi faire :D).

Les deux plus grosses promotions que j’ai remarquées à l’heure actuelle, c’est Wikileaks qui l’a adopté, et enfin Numérama. L’exemple de ce dernier est intéressant parce qu’à la base c’est un site d’information qui trouve la majorité de son financement dans la publicité et dont les articles sont sous licence CC-By-NC-ND. Non seulement ils mettent un widget pour l’article, mais en plus chaque utilisateur enregistré qui publie un commentaire (utile ou non) peut se faire rémunérer pour celui-ci en renseignant son compte Flattr dans ses préférences Numérama.

La concurrence s’organise-t-elle ?

Si le modèle fonctionne, il n’y a pas de raison que la concurrence n’apparaisse pas. Verra-t-on un jour Google ou Paypal s’attaquer au marché ? Cela signifierait probablement la mort de Flattr, mais peut-être est-ce ce que l’on peut souhaiter de mieux à ce service, qui aurait lancé un concept révolutionnaire et resterait dans les mémoires comme un précurseur.

Quoi qu’il en soit, créez-vous un compte, et cliquez partout ;-)

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