[Jour 20] La première permission

Comme je l’ai dit dans un précédent billet, je suis enfin en permission. Cela fait quinze jours que je n’ai pas pris note de mes sentiments sur mes nouvelles expériences, donc je vais profiter de ce billet pour faire un bilan de ces trois premières semaines en essayant de donner les détails intéressants.

Les premiers jours sont un peu difficiles, principalement à cause de toutes les nouveautés, de toutes les règles à apprendre, à cause de la discipline militaire à prendre en compte, du rythme de vie totalement différent de celui qu’on a quand on est un civil en vacances, etc. Au départ, on est vraiment perdu. On sait bien qu’il n’est pas acceptable de saluer les instructeurs avec un simple « Bonjour monsieur », mais on ne sait pas quoi dire à la place. De plus, on n’est pas encore militaire, puisqu’on n’a pas encore signé le contrat d’engagement, et à cela s’ajoute qu’on est toujours habillé en civil, en attendant qu’ils nous fournissent le paquetage. On ne sait pas quoi dire, on ne sait pas quoi faire, on ne sait pas comment se placer, ni comment réagir aux ordres qu’on nous donne, on est donc complètement perdus. Heureusement qu’il y a quelques élèves qui arrivent d’autres écoles (ceux qui se sont blessés en formation et qui viennent terminer leurs stages avec nous), ils sont pour nous une source précieuse d’informations.

Le rythme et les règles de la caserne sont déstabilisants. Le fait de se coucher à 22h30 pour se lever à 5h30 me change radicalement du rythme de sommeil 8h-18h que j’adopte régulièrement quand je suis en vacances. Les horaires sont à respecter scrupuleusement, que ce soit ceux de coucher ou lever, mais aussi ceux de rassemblement. Il n’est pas vraiment bon d’arriver en retard à un rassemblement (surtout quand tout le monde est logé à la même enseigne, et qu’il n’y a donc aucune raison d’être plus en retard que les autres).

Pour ce qui est des horaires classiques de la caserne, c’est 22h30-5h30 pour le sommeil (ça varie à une demi-heure près selon les jours, on a eu deux nuits de 8 heures en trois semaines, la plupart durant plutôt 6h30 ou moins). Au réveil, on doit se préparer et faire ses TIG (Travaux d’Intérêt Général, c’est-à-dire « ménage »), puis vient un rassemblement vers 6h20 pour aller prendre le petit-déjeuner au mess aux alentours de 6h30 (ces horaires, comme ceux du déjeuner, peuvent varier à un quart d’heure près en fonction du planning du mess et des autres compagnies présentes dans l’école). Le premier rassemblement important de la journée se tient à 7h30 (comptage des effectifs, rapport des élèves de jour pelotons à l’élève de jour compagnie, puis de celui-ci au commandant de compagnie), on y reçoit un certain nombre d’instructions pour la journée, puis on va en cours à 8h. Deux fois deux heures de cours plus tard (salles de cours, amphis, ou salle de sport ou d’entrainement pratique, ça dépend des jours), on mange entre midi moins le quart et midi et quart. Nouveau rassemblement à 13h30, et cours à 14h, jusqu’au diner à 18h (plus ou moins 15 minutes). Ensuite, études ou cours jusqu’à 21h30, puis dodo entre 22h et 22h30.

Les journées sont plutôt chargées, mais on prend vite le rythme. De la même manière, on se fait assez rapidement aux règles et à la discipline. Celle-ci n’est pas trop stricte au début (les instructeurs savent que le choc est brutal), mais elle s’intensifie au bout de deux ou trois jours, histoire de montrer à ceux qui sont venus en touristes qu’ils sont désormais dans une école militaire et que les règles qui y ont cours ne sont pas les mêmes qu’au lycée ou à la fac. La discipline et l’exigence s’est un peu affaiblie depuis quelques jours. D’une part, la compagnie fait mieux les choses et commence à respecter les règles de base, d’autre part, les instructeurs n’ont pas que ça à faire, ils ont aussi une famille dont ils doivent s’occuper (quand ils viennent nous réveiller à minuit parce que quelqu’un a fait une bêtise, c’est autant de temps qu’ils passent éloignés de leurs femmes ou enfants), je les comprends. Par contre, je pensais que l’exigence croitrait avec le temps, et ce qui était acceptable un jour serait puni le lendemain ou la semaine suivante. Mais non, les exigences initiales nous on permis d’atteindre un palier de rigueur et de discipline certes largement supérieure à ce dont on pouvait faire preuve les premiers jours, mais qui me semblent encore bien médiocres par rapport à ce que je m’imaginais concernant une école militaire.

Le problème principal auquel on doit faire face, c’est le niveau de maturité d’une partie des élèves. La moyenne d’age de notre stage est de vingt ans et demi, ce qui est plutôt faible. Cela veut dire qu’il y a plus de la moitié des effectifs qui ont à peu près 18 ans, et qui viennent de quitter le lycée, papa-maman, et qui découvrent la vie réelle. C’est leur premier contact avec l’indépendance, avec la responsabilité, avec les règles et la discipline, et ça s’en ressent dans le comportement général de la compagnie. Beaucoup d’entre eux ont tendance à penser que les règles sont là pour être respectées quand les cadres sont là, mais qu’on peut les oublier quand on est entre nous… Ce qu’ils ne prennent pas en compte, c’est que dans l’école, les murs ont des oreilles, les fenêtres ont des yeux, tout s’entend et tout se voit, et tout fait anormal parvient très rapidement à la connaissance de nos cadres.

Allez, ce billet est assez long pour le moment, j’ai encore énormément de choses à dire mais je les garde pour de futurs billets. Cette fois-ci je vais emporter mon ordi portable à l’école, je pourrai me connecter à internet au bar du mess (on n’a les identifiants pour se connecter que depuis quelques jours) ou via un réseau FreeWifi du voisinage (le signal est trop faible pour être exploité avec mon N810, mais j’espère qu’avec la carte wifi de mon laptop ça devrait passer).

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